Sur un petit nuage

Kepler track : randonnéeNon seulement j’avais attendu de faire cette randonnée, Kepler Track, depuis presque aussi longtemps que j’étais en NZ, mais en plus ça ne pouvait pas mieux tomber. Esprit libéré des exams, humeur au beau fixe avec une excellente nouvelle au compteur quelques heures avant d’attaquer, et l’enthousiasme pour cette randonnée tant attendue, le simple fait de reprendre la randonnée étant satisfaisant en soi.

C’est dans ces conditions que j’ai commencé ma 1ère journée de marche. Après quelques heures de pluie légère, le temps a été idéal, surtout pour cette période de l’année, et cette région de NZ. Sur un petit nuage au figuré, mais aussi au sens propre, car le temps s’est transformé lorsque j’ai traversé les nuages pour me retrouver au-dessus, tout simplement. Et ça, c’est une vision que l’on n’oublie pas. Fascination.

Heart of darkness

Une anecdote assez amusante selon moi est que j’ai commencé ma rando précisément le jour le plus court de l’année, le début officiel de l’hiver. Mais pour ceux qui ont lu le livre, ce n’est pas à prendre métaphoriquement, mais bien littéralement (bonheur intérieur en accompagnement), car au-delà de l’hiver en soi, je suis rentrée au cœur des ténèbres dans des caves à explorer. Petite séance spéléo exceptionnelle. Les formations rocheuses étaient vraiment intéressantes et c’était tellement extra de circuler dans cette grotte souterraine, entre quelques passages étroits, la frontale en action.

Au cœur du froid de l’hiver, dans les ténèbres de la nuit, les épaisseurs chaudes étaient mes alliés. Je n’y suis pas allée de main morte, thermo, gants, polaire, bonnet, tête sous le sac de couchage. Mais les ténèbres ne sont pas toujours si ténébreuses qu’on peut le croire. En effet, depuis mon cocon, j’ai pu admirer les magnifiques étoiles à travers la fenêtre. Et lors d’un de mes réveils glacials nocturnes (j’exagère), j’ai même vu un groupe d’étoile formant le signe d’encoche « check ». Si ça ce n’est pas avoir le soutien de l’univers… en plus, j’avais remarqué que j’avais choisi le lit n°13 par un pur hasard, et le passé a montré que le 13 peut parfois me protéger. Après tout, la superstition n’est qu’une forme de foi, une manière indirecte de croire en soi, ou simplement de renforcer cette foi en soi.

Dans ce contexte de fraicheur, malgré une bonne volonté de commencer tôt le 2e jour, un certain instinct de confort m’a poussée à attendre la « chaleur » du soleil pour sortir de mon sac de couchage. Cela ne m’a pas empêchée de passer une fabuleuse journée, enrichie des détours supplémentaires. Mais observation intéressante, le froid avait cristallisé la boue en bâtonnets de glaçons. On ne voit pas cela tous les jours.

Heaven: where the sea is made of clouds

Ce 2e jour, j’étais littéralement au paradis. Sûrement pas le paradis comme 99% des gens l’imaginent, mais définitivement l’image du paradis pour moi. D’ailleurs je ne crois pas en un autre paradis que celui-là. Avec une mer de nuages, un ciel bleu, et de splendides montagnes légèrement enneigées, c’était un peu comme Queen Charlotte mais au-dessus du monde, au-dessus de tout, avec l’eau transformée en nuages. Une merveille au-delà du monde terrestre. Depuis le sommet du Mt Luxmore, la vue était exceptionnelle. Il n’existe pas de superlatif assez fort pour décrire la splendeur de cet endroit, à ce moment, pour moi. Même dans les bourrasques de vent, je pouvais y voir une dimension paradisiaque et mystique, comme l’expression d’esprits dans leur afterlife, dans ce paradis. Un lieu doté d’une âme propre, en abritant bien d’avantage, et ayant peut-être même conservé la mienne.

En redescendant sur terre, la lumière a perduré, mais sous une forme plus terrestre, à travers une forêt d’un vert fluorescent, éblouissant, omniprésent, plus brillant qu’une couleur chimique, mais aussi tellement plus captivant, presque même envoutant. La nature à l’état pur.

Les aventurières

Peu après moi, sont arrivées 2 canadiennes qui, grandes folles (le bon genre)/aventurières, avaient parcouru mes 2 premiers jours en un seul. Bluffée! On a passé une excellente soirée à faire connaissance dans notre hut sans chauffage. Donc, on s’est montré créatives, grandes et moyenne aventurières que nous sommes. Pour se réchauffer, 2 techniques ont été ingénieusement employées. Pendant que le vin tournait dans un sens, l’unique mug de thé tournait dans l’autre. Malin, hein? C’est ça la communauté randonneuse, on partage, de la bouteille à la tasse, la solidarité nous a rendues plus fortes. Il était alors temps d’affronter ma 2de/leur 1ère nuit hivernale en hut. Tandis que j’étais déjà ensevelie dans mon sac de couchage, je n’ai pas manqué de rire à m’en étouffer en les écoutant discuter cuillères… « you wanna be big spoon or little spoon? »: si vous comprenez, vous concéderez que c’est une question légendaire… la chaleur avant tout dans ces situations. Si j’avais eu mon radiateur humain personnel, ça aurait été tentant également.

Toute la nuit durant, la pluie a fait rage, le déluge déversant les larmes des nuages en-dessous desquels nous étions désormais. Mais que cela ne tienne, si la nuit a eu sa bande son, le calme était miraculeusement de retour à temps pour notre démarrage nocturne à 6h30, plus d’une heure avant le lever du soleil. Ce jour-là, je l’ai passé à marcher avec mes nouvelles amies canadiennes. 30Km en 8h15, déjeuner inclus, raison pour laquelle nous avions prévu de la marge au niveau temps, sachant qu’on devait toutes arriver à l’auberge avant une certaine heure. Autant dire qu’on a fini largement dans les temps. Comme on était fières! Et à juste titre! Alors ne parlons pas fatigue, ce ne serait pas à la hauteur des aventurières que nous sommes. En route, quelques anecdotes sympathiques: le « 10:30 wine lunch » car la bouteille n’était pas finie et c’était effectivement notre demi-heure de déjeuner, vu l’heure du petit-déj et le peu de pauses effectuées en dehors de celle-là… Ce que nous avons fait ce jour-là, certains le font, d’autres peuvent le faire en 2 jours. Mais l’essentiel dans une rando comme celle-ci, c’est la détermination. Preuve de notre force mentale irréprochable, nous étions toutes dans l’esprit « keep going » répété en boucle pendant les 2 dernières heures. Qu’importe la fatigue ou les crampes, l’abandon n’est qu’un concept étranger aux vraies aventurières. Ce n’est pas la forme physique qui fait la différence à ce point-là, et on était toutes d’accord sur cette idée.

Après la ligne d’arrivée

La chance a vraiment été de notre côté à toutes 3, avec un temps magnifique, et une rencontre hasardeuse mais ô combien enrichissante, l’imprévu qui rend la vie intéressante. A la fin de ce périple, la douche chaude à l’auberge a été un vrai plaisir que nos muscles ont su chérir. Et comme on dit, après l’effort le réconfort, on s’est partagé un festin. On essayait toutes de finir nos restes de nourriture, quittant prochainement la NZ. Au passage, on a accompagné notre festin de mon délicieux riesling en provenance de Gibbston Valley. Et on est même parvenues à rester éveillées le temps d’un DVD, « Waking Ned », bien distrayant.

Au final, ces quelques jours ont été absolument fabuleux. Des souvenirs en or créés à partir de moment encore meilleurs que l’on peut les imaginer. Ça, c’est vivre!

Kepler Track en photos

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